Chère lectrice,
Ces 3 histoires sont toutes terribles, et malheureusement vraies.
La 1ère c’est celle de Christine, 63 ans, médecin généraliste. Son histoire commence en 1985 quand elle épouse Yves.
Très vite, les enfants arrivent. Christine lève le pied au cabinet, et réduit son temps de travail.
La famille peut se le permettre : Yves gagne bien sa vie et ils viennent d’acheter une belle maison les pieds dans l’eau.
Mais en 1999, le monde de Christine s’écroule. Elle découvre que son mari la trompe. Mis devant ses responsabilités, Yves préfère rompre.
Christine se retrouve à devoir quitter la maison. Ce n’est pas elle qui l’a payée.
Elle ne peut prendre que ses vêtements et quelques babioles achetées ici et là au cours de leurs voyages.
La 2ème histoire, c’est celle de Barbara, chargée de projet marketing dans un grand groupe.
Barbara rencontre l’homme qui allait devenir le père de sa fille il y a 5 ans.
L’année dernière, le couple explose : ils ne sont d’accord sur rien, encore moins l’éducation de leur fille.
Barbara se retrouve chez ses parents, à 42 ans, avec sa fille. Elle n’a plus ni maison, ni voiture.
La 3ème histoire, c’est celle de Pauline, directrice générale adjointe d’une entreprise dans le secteur des assurances.
Pauline s’est mariée en 2005 avec Philippe. Elle a 2 filles magnifiques.
Quand ils se sont rencontrés, lui était manager dans une entreprise du secteur de l’énergie, et elle chargée de communication.
Elle travaille énormément, et gravit les échelons. Elle devient directrice de la communication d’une entreprise de 2000 personnes.
En 2018, il en a marre qu’elle passe autant de temps au travail. Ils finissent par se séparer.
Elle se retrouve à 50 ans, à devoir renoncer à sa résidence secondaire, propriété de son ex-conjoint, et à devoir tout reconstruire : logement, voiture, mobilier.
Et je peux vous citer encore 3 autres amies à qui c’est arrivé :
- Hélène, ma belle-mère, infirmière en centre hospitalier,
- Clémence, une amie qui travaille dans l’édition,
- Léa, la maman d’une collègue qui travaille dans les services publics.
Le pire dans ces 6 histoires, c’est qu’il n’y a rien de surprenant.
Toutes les 6 ont fait exactement la même bêtise, comme 80% des femmes :
“il paye l’emprunt, moi les courses”
Qui n’a pas déjà entendu cette petite phrase, qui a l’air très anodine mais ne l’est pas du tout ?
Résultat lors d’une séparation, Monsieur possède la maison, la voiture et tous les autres bien un peu coûteux,
Tandis que Madame peut conserver les pots de yaourts qu’elle a achetés, mais qui sont désormais… vides.
Et les petits arrangements comme celui là sont légions :
L’administratif pour la société de monsieur, le financement de la voiture, les tâches ménagères, le financement des études, …
le tout sous couvert de :
“ je pense que mon conjoint en connaît plus que moi dans ce domaine”
“nous partageons les tâches, j’assume d’autres responsabilités”
“mon mari contribue plus aux revenus du ménage”
Peu de femmes ont conscience des conséquences de leur non participation aux décisions financières du foyer jusqu’à ce que survienne un divorce, une séparation, ou le décès de leur conjoint.
Et avec le recul
74% des femmes ont des mauvaises surprises financières
76% des femmes regrettent de ne pas avoir été davantage impliquées dans les décisions financières de long terme
Ces 6 amies m’ont toutes dit (y compris ma belle-mère !) d’être extrêmement vigilante.
Et j’ai beaucoup de chance, mon mari et moi sommes parfaitement alignés sur toutes ces questions.
Mais je suis fatiguée de voir ces injustices quotidiennes devenir de gros problèmes.
Et j’espère que vous mesurez comme moi le caractère scandaleux de cette petite phrase “lui il paye la maison, moi les courses”.
Action #1 – faites en sortes que les dépenses “à perte” du foyer soient équitablement réparties
Il n’y a aucune raison que vous payiez seule les courses, les vêtements des enfants, ou la scolarité.
Si vous êtes mariée, toute dépense liée au foyer (c’est-à-dire qui n’est pas liée à vous personnellement) devrait être justement répartie entre vous 2.
Et ce n’est pas moi qui le dis, mais la loi !
Vous vous rappellerez peut-être de cette phrase prononcée par l’officiant quand vous vous êtes mariée :
“ Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils y contribuent à proportion de leurs facultés respectives.
Si l’un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l’autre dans les formes prévues au code de procédure civile”.
Autrement dit, si vous n’avez pas fait un contrat de mariage dans lequel cela est précisé, par défaut, si votre conjoint gagne 60% des revenus du ménage, alors il doit pourvoir à 60% des courses.
Et si vous pensez qu’il vous fait une fleur parce qu’il rembourse la maison à 100% et vous les courses, et que ça donne in fine un 95% – 5%, relisez les histoires de mes amies plus haut !
Action #2 – investissez, même si c’est symbolique !
Une fois qu’on a dit que monsieur devait prendre en charge 60% des courses,
Il reste à rembourser l’emprunt de la maison.
et là il n’est pas dit que vous puissiez verser 40% des charges de l’emprunt.
Ce n’est pas grave.
Vous pouvez :
- vous mettre d’accord sur le montant que vous pouvez rembourser, même si ce n’est que 200 euros par mois. Dans ce cas, calculez combien cela représente et faites en sorte que vous figuriez à la hauteur de ce % sur l’acte notarié.
- décider conjointement que votre mari rembourse une grosse partie, voir tout, tout en vous accordant un % de propriété élevé. C’est un cadeau, certes, mais il n’est pas si rare. Je peux en témoigner : c’est ce que mon père a fait pour ma mère qui est restée à la maison pour s’occuper de nous. C’est également ce que mes 2 grands-pères ont fait pour mes grands-mères.
- ne pas contribuer au remboursement de la maison, ni n’être propriétaire, mais placer votre argent de votre côté. Les solutions d’investissement “nominatives” sont nombreuses : actions, or, SCPI,
De mon côté, nous avons décidé avec mon mari de tout mettre en commun, et tout investir et dépenser ensemble.
Chaque décision d’investissement “conséquente” est prise conjointement, à nos 2 noms, à 50-50, et nous nous sommes assurés d’être chacun l’un sans l’autre capable d’assumer cette part.
Nous avons expérimenté ensemble de grosses disparités de revenu : j’ai d’abord gagné 2 fois plus que lui (soit 66% des revenus du ménage). Et aujourd’hui c’est à son tour.
Nous avons donc bien éprouvé notre modèle, et nous en sommes tous les deux contents.
L’inconvénient majeur de ce système est de parvenir à se mettre d’accord, ce qui peut générer pas mal d’inertie,
Mais c’est ok pour nous.
Et vous, que faites vous ?
Bonjour
Hélas je fais partie du pourcentage astronomique des femmes qui ont divorcé sont le mari a refusé de quitter la maison…et pourtant si la banque nous a accordé le prêt c’est uniquement parce que j’étais la seule à avoir un revenu regulier (fonctionnaire)…. Mais pour votre tranquillité et celle des enfants maman a recommencé à Zéro. Heureusement que j’étais une battante. J’ai beaucoup travaillé usant ma santé mais je m’en suis sortie honorablement.
J’ai un petit pécule en banque mais ça m’agace qu’il ne fasse pas plus recettes. Seulement je ne connais pratiquement rien au système boursier et pas interessée. Je prefererais déléguer
Que pouvez-vous me proposer svp?
Cordialement
Michele DORCY
Bonjour Madame,
Je suis désolée de vous lire,
et vous félicite : bravo ! bravo de vous être battue comme ça, bravo d’avoir aidé vos enfants, bravo pour cette épargne constituée,
J’ai justement écrit un article sur le fait d’être accompagnée et déléguer la gestion de son capital que je vous propose ici : https://www.libres-et-independantes.com/deleguer-ou-gerer-vous-meme-votre-argent/
N’hésitez pas à me contacter s’il vous reste des questions,
En vous souhaitant une bonne journée,
Laetitia
Bonjour,
Il me semble essentiel d’avoir un bon notaire. En effet, la mienne m’a rassurée. Si mon mari a payé la maison, il serait facile de faire de calculer combien j’ai fait économiser à notre ménage en passant à temps partiel pour garder les enfants, en y consacrant mes vacances (je suis prof), etc. Et s’il faut sortir les griffes, je le ferai.
Mais vous avez raison, il vaut mieux tout prévoir.
C’est aussi le rôle d’un bon notaire dans un contrat de mariage…
Très juste !