Chère lectrice,
Aujourd’hui, j’aimerais lever le voile sur le véritable piège marketing des placements durables.
On les voit partout, et surtout sur toutes les publicités à destination des femmes, et pourtant…
Et pourtant, quand on regarde de plus près ces entreprises “engagées”, les anomalies sont bien trop nombreuses pour être de simples coïncidences :
- ORPEA avait obtenu un bon résultat ESG (pour son respect de l’Environnement, son attachement au Social et sa bonne Gouvernance), juste avant qu’on découvre que son système poussait à la maltraitance des personnes âgées…
- BP était bien notée en termes de responsabilité sociale juste avant l’explosion de sa plate-forme pétrolière Deepwater Horizon en 2010,
- Volkswagen était bien notée aussi, avant que le scandale « Dieselgate » n’éclate en 2015. Encore aujourd’hui l’entreprise est une des mieux notées de l’industrie automobile !
- La Poste s’était vue décerner le meilleur score jamais attribué par l’agence de notation ESG en 2019, la même année où de nombreux salariés se suicidaient…
- Aux Etats-Unis, Philip Morris est notée parmi les meilleures, alors même que les effets délétères du tabac sur la santé sont largement prouvés !
Et si vous êtes comme ma belle-soeur qui m’a répondu “non, mais les erreurs ça arrive”, regardez l’absurdité répétée de ces notes :
Plus de 2 tiers des entreprises du CAC40 sont “vertes” (y compris les minières et les pétrolières) : on croît rêver !
Et quand elle a regardé son portefeuille “vert” (labellisé ISR pour Investissement Socialement Responsable) que lui avait vendu son banquier, ma belle-sœur a découvert qu’elle détenait des actions de Total et de Locked Martins, le premier vendeur d’armes au monde !
Je vous laisse imaginer dans quel état elle était après cette découverte…
C’est la raison pour laquelle, je vous transmets, comme à elle, les 3 critères pour faire le tri entre les réelles opportunités vs. les fausses promesses.
Car placer votre argent dans des entreprises responsables est le meilleur moyen de gagner plus, tout simplement.
Sur 2200 études différentes, les portefeuilles qui prennent en compte la responsabilité des entreprises amènent des résultats supérieurs aux investissements classiques dans 90% des cas.
Critère #1 – privilégiez les activités durables !
Ce sont les activités bas-carbone et compatibles avec l’Accord de Paris. Par exemple, la production d’électricité grâce aux éoliennes ou à des panneaux solaires, la collecte des déchets ou les transports bas-carbone.
Ensuite, les activités transitoires
Ce sont toutes les activités économiques qui n’ont pas d’alternatives bas-carbone viables. Mais qui permettent d’atténuer le changement climatique en :
- Conservant des émissions de gaz à effet de serre les plus basses possible en fonction des meilleures performances de l’industrie ;
- Permettant le déploiement de solutions sobres en carbone.
Il s’agit par exemple des secteurs de la rénovation de bâtiments, de la production d’aluminium ou du transport ferroviaire.
Enfin, les activités habilitantes réunissent les activités qui ne sont pas durables, mais qui permettent à d’autres activités de contribuer de manière substantielle à un ou plusieurs des objectifs environnementaux.
Un exemple ? La production de batteries électriques ou la construction d’infrastructures pour la mobilité active des personnes (comme le vélo ou la marche).
Critère #2 – regardez par transparence !
A l’heure où je vous écris, seules les entreprises du secteur financier (banques, assurances, société de crédit etc.) ont des obligations de publication d’information sur leur durabilité – et doivent prouver que leur durabilité n’est pas qu’une histoire de communication.
Les grandes entreprises françaises ne sont pas (encore) tenues de communiquer quoique ce soit.
Et à l’heure où je vous écris, nombreuses sont les entreprises qui affichent un label ou se disent “durables”, mais n’ont aucune preuve de leurs engagements.
Le cabinet d’audit KPMG est chargé des publications financières d’une grande partie des entreprises françaises. Il a réalisé une enquête auprès de 2500 entreprises clientes, pour identifier celles qui souhaiteraient être classées comme durables selon la législation européenne.
Les deux tiers ont répondu positivement à cette enquête.
Mais même pas 10% d’entre elles ont effectivement communiqué leurs chiffres…
Conclusion : si vous vous intéressez à une entreprise qui se dit durable, vérifiez qu’elle publie effectivement des informations financières sur sa durabilité (par exemple dans son rapport annuel), et pas seulement des notes ou des labels !
Critère #3 – Oubliez l’ESG et demandez des articles 9 “SFDR”
Si vous privilégiez les produits bancaires – ce que je ne recommande pas, je vous en parle bientôt – la commission européenne a classé les produits financiers selon 3 niveaux :
- Les produits article 6 SDFR : tout ce qui n’est pas durable, ni dans la communication, ni dans le fond.
- Les produits article 8 SDFR : les produits qui intègrent des caractéristiques environnementales et sociales sans que ce point soit central.
- Les produits article 9 SDFR : Ils ont un objectif d’investissement durable (ce sont donc les plus “vertueux”)
Et le résultat est probant : sur les 66 produits de Natixis labellisés ISR, seulement 24 sont “article 9”… !
Alors maintenant quand un banquier ou tout autre conseiller, gérant de fonds ou d’assurance-vie, vous parle d’entreprises et d’investissements durables, de super score ESG ou tout autre label, commencez par lui demander si ses produits sont article 9 SFDR !
Je vous dis à très vite,
D’ici là, libérez les forces qui sont en vous,
Laetitia Durand